mercredi 28 janvier 2015

"Elle voudrait juste effacer les gueules grandes ouvertes, les dents et la bave mélangées, ses cris muets et la chaleur humide de ces grands corps trop lourds à porter."


Qu'est ce que c'est: Elle, c'est l'enfant silence, qui vit dans la maison des loups. Elle voudrait parler, mettre des mots sur ce qui lui arrive mais elle ne peut pas, car elle sait qu'on les séparerait.


        La plupart des enfants ont entendu parler du loup, celui que leur parents brandissent comme un grand épouventail à chaque fois qu'ils font une bêtise et dont on a peur mais sans trop y croire.
        Ici, il s'agit d'une petite fille, dont on ne connait pas le nom, une petite fille qui pourrait être n'importe quel gamin prostré dans n'importe quelle cour de récréation. Comme son silence inquiète, on l'emène voir la psychologue de l'école, mais rien n'y fait, l'enfant ne parle pas. Elle cache un secret.
Si les enfants ne croient qu'a moitié au loup, c'est parce qu'il ne l'ont jamais vu pour de vrai.
        Le problème avec le loup, c'est qu'il est toujours plus délicat de ne pas en avoir peur quand votre maison se transforme en caverne et que vos parents ont reveti leurs peaux pour mieux vous hurler dessus, la gueule pleine de crocs, et vont jusqu'à vous...
Je m'arrette ici. Vous l'aurez surement compris, ce petit album à pour objet principal la maltraitance des enfants.

        Compte tenu du tabou qui orbite authour du thème, et du fait que le livre s'adresse à des enfants, je suppose (mais n'en suis pas sure, la jeunesse ce n'est pas mon fort) qu'il faut être très précautionneux lorsqu'il s'agit de mettre ce genre de sujets à table. Ce que j'apprecie dans L'enfant silence, c'est cette subtilité qui lui y est propre, cette façon de tout dire sans même avoir l'air d'y toucher. Les images parlent d'elle même et le texte ne fait pas tache, pas surjoué non plus.
        La plume de Cécile Roumiguière se prête très bien à ce genre d'exercice parce qu'elle allie subtilité et sensibilité à la fois. Le vocabulaire y est simple, à la portée de tous. Il n'y quasiment pas de tournure choquante mais la gravité de la situation est bien présente.
Par ailleurs, j'aime beaucoup comment l'écrivain illustre l'intériorité de l'enfant, sa honte et ses réticences à tout avouer à travers la comptine que cette dernière ressasse mentalement, en y apportant toutes les inflexions propre à la joie et à la tristesse.
         Benjamin Lacombe qui vient parfaire le tout, en superposant les illustrations et les ambiances. Son style est en lui même assez glauque, et le travail de la couleur vient corroborrer le malaise de la jeune fille, même si certains moments sont emprunts d'une grande tendresse (comme l'image ci dessus). Je regrette quand même que l'avant dernière illustration n'ai pas été plus... joyeuse?

Enfin, tout ça pour vous dire qu'il s'agit d'un bon album pour aborder le sujet avec les plus jeunes. Si les illustrations peuvent rebuter certains, Cécile Roumiguière a su arrondir les angles pour nous offrir un bijou de douceur et de poésie.







mardi 27 janvier 2015

"Parce qu'une beauté comme celle qui irradiait de ma mère était nécessaire là-bas aussi. La beauté est nécessaire partout où l'homme se fait animal, partout où on s'efforce d'en faire un démon. "



Il faut d'abord se figurer une petite bourgade en Sibérie. Une antichambre du Goulag où Staline enverrait tous les individus gênants. Petia, huit ans, fait pourtant parti de ces gens là.
Condamné à évoluer dans un monde austère, dont la faim est le pain quotidien, et où la peur et le soupçon sont de mise, Petia tente de rester enfant, à une époque où la plupart des gosses ne savent même plus ce que c'est, l'enfance.

Sans parler de coup de coeur, la plume de Bednarski aura quand même sû nous toucher.
Les Neiges Bleues flotte entre joie et tristesse, bonheur et malheur, sans jamais tomber dans l'excès ou s'enliser dans le registre pathétique. Il le doit d'abord à sa structure qui l'apparente à un receuil de nouvelles et qui pare au risque de longueurs mais pas que.
L'auteur (car oui, il s'agit bien d'un roman autobiographique) aurait pu s'attarder sur les souffrances endurées dans cette antichambre de la mort, et occulter le reste. Au lieu de cela, on suit les frasques de Pétia et de sa bande, leurs jeux d'enfants, leurs joies, leur peines, leurs premiers amours, le tout avec beaucoup de justesse. Les divers épisodes de cette enfance sous Staline sont relatés de sorte qu'ils donnent à voir la cruauté des hommes sans jamais la caricaturer; une cruauté qui, comme le rappelle l'auteur, découle souvent de passions mal éteintes et de plaies béantes à l'âme.

Verser dans le registre pathétique serait contraire à la trempe des Neiges Bleues. Contraire à la volonté de Petia enfant de vaincre coute que coute sa peur des ténèbres. Contraire à cette arcadie humaine -et donc fragile- où le royaume des mères, le règne de la Beauté, feraient bouclier aux abus et à l'opression de Staline. Contraire enfin à l'esprit de ce roman, à l'Espoir qui lui est propre.

Il faut lire ce livre.  Par devoir de mémoire d'abord et contre le négationnisme, parce qu'il nous permet de ressentir la réalité Siberienne à travers la simplicité et la pureté de l'enfance; mais surtout parce que le style de Bednarski invite à la poésie, même dans les periodes les plus sombres, et que cette poésie est toujours un instant de grâce.

N.A


samedi 24 janvier 2015

Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire : Tome 4, Cauchemar à la scierie- Lemony Snicket

Les désastreuses aventures des
Orphelins Baudelaire, intégrale, tome 2
Lemony Snicket
Éd. Nathan, 2014, 580 p.
Quand j'ai vu que Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire avaient été rééditées, et connaissant mon amour pour les jolies couvertures, je me suis décidée à continuer cette saga dont les trois premiers tomes m'avaient laissé un excellent souvenir il y a une dizaine d'année.

Pour ceux qui ne connaitraient pas, voici le fil conducteur de la saga:

Tout commence le jour où leurs parents Baudelaire disparaissent dans l'incendie de leur maison laissant leurs trois enfants à la tête d'une immense fortune. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, leur oncle, le Comte Olaf, compte bien déployer toutes les ruses pour s'emparer de leur richesse.

Nous voila donc repartis pour un nouvel opus des mésaventures de Violette, Klaus et Prunille Baudelaire. Après avoir une fois de plus échappé de justesse aux griffes du comte Olaf, les Orphelins sont confiés à un nouveau tuteur au nom imprononcable, propriétaire des scieries Fleurbon-Laubaine dans la triste bourgade de La Falotte.
Hors de question d'être logés, nourris et blanchis aux frais de l'entreprise. Les orphelins devront travailler pour gagner leur pain, et surtout, réussir à déjouer le dernier coup pendable du comte Olaf.

C'est sans mal que je me suis replongée dans l'univers des Orphelins Baudelaire. La dernière fois que j'en ai eu un entre les mains, je devais avoir douze ans, mais l'auteur nous rappelle l'intrigue, les personnages principaux, enchaine les analepses si bien que j'ai vite retrouvé le fil, que ce soit en terme d'intrigue ou de personnages.
Sur le coup cette petite piqûre de rappel m'a fait du bien, mais quand je pense que l'auteur la réitère a chaque tome, je me dis que ca doit devenir pénible.

Enfin, revenons-en au tome: Sans le trouver très mauvais, je dois dire qu'il ne m'a pas enthousiasmé plus que ça. Le schéma est à peu près le même que dans les trois premiers :

Les orphelins Baudelaire arrivent chez le tuteur (aberrant d'irresponsabilité- eh oui, sinon c'est moins drôle), puis tentent de faire leurs petites vies quand déboule le comte Olaf dans un de ses grotesques déguisements. Comme leur tuteur ne semble pas être disposé a bouger le petit doigt, Violette, Klaus et Prunille allient leurs forces respectives (L'invention, la recherche et la morsure) pour échapper au comte qui, démasqué, finit par filer.


Non pas que cela m'ennuie mais quand l'auteur ne nous donne aucun éléments sortant de ce schéma, ça devient vite plat, et quasi sans interret. Et c'est encore plus énervant quand l'auteur juxtapose des éléments peu crédibles (le coup du chewing-gum... de l'hypnose). On à l'impression que l'auteur s'essaye au fantastique sans grande conviction et le resultat laisse à désirer

Et puis il y a le narrateur, Lemony Snicket lui même, qui se charge de conter les mésaventures des orphelins Baudelaire:

En général j'apprécie le style de Snicket, qui peut se révéler très pince sans rire à certains moments et ce à ma plus grande. Vous n'êtes pas sans l'ignorer, Lemony Snicket est un pseudonyme et qui plus est, un personnage qui n'est pas tout au fait hermétique aux Baudelaire, créé de toutes pièces par le véritable auteur dont le nom m'échappe. J'aime beaucoup l'idée d'intégrer l'auteur à la diégèse. Parallèlement à l'histoire des orphelins Baudelaire est esquissé une autre histoire. Celle de Béatrice,
l'amour perdu de Lemony, et dont la tragique fin semble liée au comte Olaf.
Seulement, Lemony est verbeux, et sa manière d'expliquer tous les termes de plus de trois syllabes d'un ton -que je considère- condescendant m'hérisse. Je sais bien que Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaires sont adressées à un public jeune, mais enfin... On ne peut pas sous-estimer à ce point un enfant. Du coup, certains passages, en plus d'être agaçants trainent en longueur et on a l'impression que Snicket nous donne Cauchemar à la scierie à manger à la petite cuillère.

Déception, donc, pour Cauchemar à la scierie, trop alambiqué pour rien, tant du point de vue de l'histoire que de celui de la narration. Et pourtant, je poursuis la lecture de la saga. Pas tant pour les orphelins (étant donné que la construction de l'histoire est toujours la même) que pour Béatrice, pour  le mystère qui plane sur ses relations avec Lemony et sur les causes de sa disparition.

N.A

dimanche 18 janvier 2015

Librairie: Le Palmarès de 2014

-Est ce que vous auriez des livres littéraires?

*
-Je te félicite pour ta vitrine. Le chat du quartier l'a adoré. Maintenant enlève le vite d'ici.

*
-Mademoiselle, pourriez-vous enlever le célophane qui recouvre ce livre.
-Normalement, je n'en ai pas le droit monsieur mais je vais tout de suite demander à mon supérieur et je reviens.
- Si vous n'êtes pas fichue d'enlever un célophane, je me demande bien ce que vous fabriquez ici. D'ailleurs, à voir votre tête, c'est sûr, vous n'êtes même pas libraire.

*
-Allez choisis un album pour que le monsieur te le signe.
- Mais je vais jamais le lire!

*
-Bonjour, je cherche la biographie de Marguerite Duras.
-Je regrette Madame, mais je ne l'ai pas en stock, et il n'apparait dans la base de donnée, souhaiteriez vous le commander?
-Mais ce n'est pas possible ! Mon amie l'a apperçu sur votre stand à l'instant. Combien est ce qu'il y a de Virgin dans ce Salon?

(Je tiens à préciser que je ne travaille pas au Virgin. Le nom de ma librairie était inscrit en énorme juste au dessus de ma chaise, mais apparement ca ne suffisait pas)

*

-C'était vous qui lisiez Fouad Gabriel Naffah hier? je vous ai ramené son oeuvre complète. Tenez, c'est cadeau.

*

-Dis Madame? Pourquoi il y a un chat dans la vitrine?

*
-Je cherche un coffee table book. N'importe lequel ça m'est égal. L'important c'est qu'il soit beige, vous comprenez? Je viens de repeindre mon salon.

*
- Je voudrais un magazine sur les arts-martiaux et le karaté.
- Je suis désolée, nous n'en avons pas mais si vous le souhaiter et que vous avez une revue en tête, je peux passer une commande.
-Non ça ira. Vous êtes très gentille. Est ce que cela vous dérangerait de me laisser votre numéro? on pourrait aller boire un café après la fin de votre shift.

*
-Je suis juste passé vous dire bonjour et vous remercier pour Anima. Il est ÉNORME.

*




vendredi 16 janvier 2015

L'herbier des fées- Sébastien Pérez et Benjamin Lacombe

L'herbier des fées
Benjamin Lacombe& Sébastien Perez
Ed. Albin Michel, 2011, 64p.
À la base, j'avais acheté cet album pour en faire cadeau. Après l'avoir d'abord vaguement parcouru, et charmée par la beauté des illustrations , j'ai finalement décidé de le garder pour moi en me promettant de le lire dès que j'en aurais le temps. C'est comme ça qu'il a attéri dans ma PAL et le challenge Je vide ma Bibliothèque m'a permis de l'en déloger.

Je commence cette chronique par un petit résumé de l'histoire:

L'herbier des fées, c'est le carnet de voyage d'un jeune botaniste russe, envoyé par son excellence Raspoutine à travers l'Europe, pour débusquer des plantes permettant de concocter le très convoité philtre d'immortalité. Après des débuts décevants dans la Forêt Noire, il débarque en Brocéliande à la recherche de nouveaux spécimens. Ce qu'il va y découvrir dépasse largement tout entendement.

Avec cet Album, Sébastien Perez et Benjamin Lacombe, nous entrainent dans un univers envoutant et peuplé de créatures étranges.

Durant son périple en Brocéliande, le personnage principal decèle l'existence d'un régime ni animal ni végétal. Bref, Bogdanovich à découvert les fées.
Il les brutalise d'abord pour analyser les propriétés de chacunes, des suites de la pression mise par Moscou et de l'obsession du moine fou pour le filtre d'immortalité, Raspoutine qui use du chantage auprès du botaniste pour arriver à ses fins, depuis qu'il détient la famille de ce dernier.
Dissection d'un Aruma animaans.
Ses différents organes se rapprochent
d'un organisme humain
Mais lorsqu'il découvre que ces créatures sont capables de sentiments et qu'elles ont une interiorité à l'instar des humains, Aleksandr Bogdanovitch prend les fées en affection. Pris en tenailles, il lui faut alors choisir. Sa femme et sa fille, ou les fées.

Le livre est présenté sous la forme d'un journal, où le protagoniste fait d'abord sécher des plantes, comme dans un conventionnel herbier, avant que celui ci ne prenne une autre tournure pour se transformer, au fil des trouvailles du naturaliste, en bestiaire féérique. Le lecteur y trouve les impressions et constats du personnage principal, en plus de croquis, de squelettes de spécimens anotés, ou même de surprenantes dissections.
J'ai énormément apprécié le support de l'histoire et des illustrations qui créent une sorte d'interractivité entre le lecteur et le livre, et un effet de miroir entre celui qui parcourt l'herbier des fées et son auteur.

L'herbier des fées reste un album très pictural, et Lacombe qui excelle dans la création d'ambiances s'en donne à coeur joie.
Par un savant jeu de calques et de cut-outs, l'illustrateur donne à voir tout le mysticisme et la sensualité de l'univers des fées.
Le lecteur à l'impression de débusquer les spécimens comme le ferait le botaniste. Il lui faut pour braver apparences, oser plonger, aller au profond des choses, écarter les branches d'un arbuste, ou troubler la surface opaque d'un lac que l'on croyait endormi pour apercevoir les créatures.
Ballet aquatique des Renouées amphibie à la surface de
l'étang aux fées

Il faut savoir qu'en général, je me méfie de Benjamin Lacombe. J'admire son travail d'illustrateur, ses courtisanes de l'étrange et ses ambiances mi-enchanteresses, mi-inquiétantes. Cependant ses diégèses ne sont souvent pas assez maîtrisées à mon sens, voire carrément malmenées, au point où j'ai souvent refermé ses livres avant même de les avoir terminés. La désastreuse Ondine, son traitement bancal et son écriture hachée, m'avaient énormément déçue. Pareil pour Blanche Neige.

Sa collaboration avec Sébastien Perez est en revanche une franche reussite, le style de l'auteur étant fluide bien que quelque peu emprunt de pathos par moment, mais pas assez pour rendre la lecture laborieuse.

L'herbier des fées est à mon sens un excellent album. J'ai été emportée dans l'univers des auteurs de la première page à la dernière, et comme Aleksandr Bogdanovitch, j'y ai fait de surprenantes rencontres. Le final est ouvert, et les suppositions vont bon train, mais je ne vous en dirais pas plus.
Ce livre est cappable de faire tourner la tête aux plus jeune, tout comme il a le pouvoir de mettre des étoiles dans les yeux de ceux qui n'auraient pas encore étouffé l'enfant qui est en eux.

L'herbier des fées est une petite leçon de vie. Il faut toucher la quintessence des choses qui réside parfois là ou l'on s'y attend le moins. Pour conclure, je reprends la citation de l'épigraphe, qui résume très justement le propos, beaucoup mieux que je ne pourrai jamais le faire.

Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent seulement de nuit.
                                     
                                                                                                                              Edgar Allan Poe
                                                                      
                                                                                                                                         N.A
           






mercredi 14 janvier 2015

"Hedwige, les premiers baisers sont les seuls qui soient purs de toute tristesse, ceux qu'on donne par la suite ont déjà la saveur de l'ennui, et l'amour charnel finit par ressembler à un excellent livre qu'on a lu trop souvent."


Indigne de moi ! s'écria Hedwige au bord des larmes. Qu'est ce que cela veut dire? Je ne demandais pas qu'il soit digne de moi, je voulais qu'il m'aime.

*       *      *

C'est avec une plume de maître que Julien Green se fait tragédien de l'ordinaire, pour nous raconter cette histoire qui orbite autour des personnages d'Edwidge et de Jean. Dans un monde ou l'ennui est roi et les apparences duchesses, la verité des sentiments n'ebreche-t-elle pas le miroir du mensonge?  ne gangrene-t-elle pas l'équilibre précaire de l'hypocrisie, et ne conduit elle pas irremédiablement à la tragédie?

L'histoire commence à l'hotel Vasseur, ou vit une famille embourgeoisée. Parmi les personnages bien-pensants qui la composent, deux d'entre eux sortent du lot. Il a d'abord Jean, cet oncle vieillissant et taciturne dont on moque les manières, et qui vit reclus dans sa chambre. Paralellement, nous avons Hedwige, la jeune cousine des vasseurs que ces derniers recueillent par charité lorsqu'elle se retrouve orpheline. Rien ne semble pouvoir ébranler le calme de cette maison où l'ennui est roi et les apparences duchesses. Jusqu'au jour où les Vasseur décident de marier leur jeune nièce, et entreprenent de la présenter au jeune Gaston Dolange dont elle s'éprend.
Seulement, cette passion qu'éprouve Edwidge pour Dolange est placée sous le signe de la fatalité. Gaston a un secret, que partage aussi Jean, et qui l'empeche d'éprouver quoi que ce soit à l'égard d'Hedwige. Jusqu'a ce que cette dernière touche le fond du lac.

Ce qu'il y a de plus remarquable dans Le Malfaiteur est probablement les techniques de narratologie caractéristiques du roman. La diégèse principale, raconte le quotidien des Vasseur, la rencontre avec Gaston Dolange, et désespoir faral d'Hedwige de ne pas être aimé. Mais une histoire en cache une autre, surtout quand cette dernière est considérée pour l'époque comme honteuse. C'est pour cela que la confession de Jean vient interrompre la diégèse, se plaçant au milieu du roman, comme encerclé par l'hypocrisie ambiante, par des moeurs bourgeoises, incarnées par le personnage de Madame Pauque et qui fera tout pour étouffer l'affaire au détriment d'Hédwige.

Le Malfaiteur est un excellent roman, brillant dans son traitement et caractérisé par une écriture fluide qui rend la lecture agréable. On y retrouve l'homosexualité, qui hante l'oeuvre de Green et une peinture sociale acerbe, bien qu'évoquée d'une voix blanche.
J'ai personnellement été conquise et le recommande à tout ceux qui auraient envie de découvrir cet, auteur. Il me tarde d'ailleurs de lire Moïra, son plus célèbre, qui traine dans ma PAL depuis un bout de temps dejà et que je chroniquerai probablement aussi.