lundi 2 mars 2015

2014: Pour le Meilleur et pour le Pire


Je dois faire partie d'une des dernières personnes à vous livrer mon petit palmarès de lecture de 2014. Par manque de confiance peut être mais aussi parce que j'ai du mal à classer mes lectures par ordre de préférence, et que je me demande toujours si ce genre de classement ne vaut que pour les nouveautés ou alors pour des parutions plus anciennes que vous auriez lues cette année. Enfin bref, pour ma part j'ai décidé de me cantonner aux lectures que j'ai faites cette année, d'une part parce que la littérature contemporaine, je n'en ai lu que très peu, et surtout parce que certains de ces coups de coeurs ou grosses déception sont des classiques que je n'ai découvert que sur le tard. Enfin je pense que l'essentiel a été dit, il est temps d'attaquer ce fameux classement.

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Le Top d'Enlivrez-Vous


Commençons donc par le meilleur de cette année livresque. Je dois dire que je suis plutôt contente, car j'y ai fait beaucoup de belles découvertes que j'ai eu beaucoup de mal à départager. Il a cependant fallu en retenir cinq donc voila ceux qui à mon sens se sont vraiment démarqués du lot.

En première position et comme je l'avais annoncé dans une de mes chroniques, nous avons Le Grand Cahier d'Agota Kristof dont je vous ai pas mal parlé Ici. Une fois commencé je n'ai pas réussi à le lâcher (je n'aurai jamais lu un livre si vite) et il me tardait de découvrir la suite.
Je conçois qu'il s'agit d'un roman à ne pas mettre dans toutes les mains étant donné la brutalité de l'action et la violence qui jalonne le libre. Je le recommande à tous les fans des styles efficaces, crus et qui vont droit au but.


Talonnant de très près Le Grand Cahier, et en deuxième position, nous retrouvons Le Nao de Brown  de Glyn Dillon. Il faut absolument que je vous parle de cette B.D et si je ne l'a pas encore fait c'est surtout parce que, l'ayant adorée, je ne me sentais pas de taille à lui rendre justice en terme de chronique. Glyn dillon nous fait miroiter des abîmes ordinaires, et on en sort secoué, si ce n'est vidé. Mais si cette bande dessinée atterrit aussi haut dans le meilleur de 2014, c'est surtout parce que j'ai rarement vu une oeuvre aussi maîtrisé d'un point de vu narratologique et pictural.
Rien, absolument rien n'est laissé au hasard. Le dessin, assez classique, contraste avec la démesure de l'héroïne et cela m'a beaucoup plu. Je vous ferai une chronique la dessus bientôt, j'attends juste de la relire pour mieux vous en parler tellement j'ai envie de vous la faire découvrir.

Vient ensuite un roman que je ne chroniquerai probablement pas, parce que j'ai généralement du mal à m'attaquer au classiques de la littérature et ce top 2014 me permet de vous en parler ici.
C'est mon ami Adam qui m'a conseillé ce livre et je ne l'en remercierai jamais assez: Après une Promesse de l'Aube gentillette, je ne pensais pas relire du Romain Gary avant longtemps et La vie devant soi m'a en quelque sorte réconciliée avec l'auteur et le mot est faible.
J'ai adoré ce roman. Adoré le personnage de Momo qui m'a tout de suite touchée, par ce qui reste de sa candeur, sa gaité enfantine sur le déclin (qui cache une profonde tristesse) que Gary a bel et bien su exprimer. Au programme, les frasques de Momo et de ses copains, l'Amour (avec un grand A) qu'il porte pour la grosse madame Rosa, le "droit sacré des peuples à disposer d'eux même" qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins et des rencontres plus que surprenantes, et surtout, la naïveté des propos du petit garçon qui traduisent cependant une terrible lucidité.
Ce livre sait vous prendre aux trippes, comme Momo, il alterne douceur et cruauté sans jamais qu'elles ne soient sur-jouées. A lire, et surtout à méditer.

En quatrième position, nous retrouvons un roman dont je vous ai déjà beaucoup parlé, et que je n'ai découvert qu'en fin d'année.
Il s'agit du Malfaiteur de Julien Green, sur lequel je ne vais pas bavasser pendant des heures, vous invitant plutôt à lire la chronique que j'en ai fait.
Bien que l'intrigue et le dénouement soient prévisibles -après, il s'agit d'une tragédie romancée, donc tout est normal-, ce roman est une vrai réussite tant d'un point de vue technique et narratologique au point où j'ai failli le travailler pour mon mémoire. Bien qu'il ne s'agisse pas de son roman le plus connu, il est parfait pour ceux qui souhaiteraient découvrir l'auteur : le lecteur ne peut qu'en apprécier l'écriture fluide et le cynisme de Green lorsque celui-ci décortique l'intériorité de ses personnages, nous dévoilant, sans avoir l'air d'y toucher, le miroir de leur âme.



Il est vrai que je n'ai pas vraiment mis à l'honneur la rentré littéraire. Aucun roman ne s'est réellement détaché à mes yeux, y compris pour Pas pleurer de Lydie Salvayre qui, pour moi, était un Goncourt du moins pire. Non, aucun livre n'est sorti du lot, à part peut-être La Lune dans le puits de François Beaune, que j'ai découvert au Salon du livre Francophone de Beyrouth. J'ai même échangé quelques mots avec l'écrivain (sans savoir que c'était lui bien évidement sinon c'est moins drôle), et je suis donc repartie sans dédicace, le livre sous le bras en me demandant ou est ce que pouvait bien être l'auteur.
C'est un livre pour ceux qui comme moi, aiment les carnets de voyage même si celui ci est un peu différent. Avec La Lune dans le puits, François Beaune nous embarque dans un voyage autour du bassin méditerranéen, de Tanger à Hébron, en passant par Marseille, Jérusalem et Beyrouth, et de réunir près de 200 histoires glanées auprès des locaux et qui sont classée dans un certain ordre selon la période dans laquelle s'inscrit le souvenir, de l'enfance à la mort. J'ai été à moitié surprise par la vitesse à laquelle je tournais les pages parce qu'il s'agit d'un gros pavé, mais pas tant que ça parce les histoires que La lune dans le puits propose sont courtes, souvent à chute comme des nouvelles et pour la plupart terriblement attachantes. J'espère vous en parler plus tard. À suivre donc.

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Le Flop d'Enlivrez-Vous


Et comme c'était trop beau pour que ça dure, voici les lectures que j'ai le moins apprécié en 2014.
Il n'y a pas de véritable classement car aucun de ces livres n'était vraiment horrible. Juste en dessous de ce que j'attendais. Il s'agit plus de grosses déceptions, pour la plupart, que de mauvais livres.

Sans grande surprise, le dernier roman de Mathias Malzieu attérit cette année dans le pire de 2014.
Comme pour les romans précédents j'ai eu l'impression que l'auteur avait beaucoup de mal à se renouveler. De lire, encore une fois, cette même histoire d'amour impossible et fantasque, avec les mêmes personnages aux blessures mal pansées. De plus, Le plus petit baiser jamais recensé manque à mon sens d'une réelle structure lui permettant de tenir la route. J'ai eu du mal à plonger dans l'univers de ce roman, probablement parce que celle-ci va dans tous les sens et cette dimension fantastique et absurde qui m'avait plu dans le premier roman de Mathias Malzieu est ici grossie à l'extrême.
L'overdose de chocolat magique, de plumes de perroquets bleus m'a simplement empêchée d'apprécier ce livre, et ce qu'il y avait derrière à supposer qu'il y ait vraiment eu quelque chose.

Dans la catégorie du Livre que tout le monde a adoré sauf moi c'est Benjamin Lacombe qui remporte la palme avec Ondine En parcourant mes chroniques, vous aurez peut-être remarqué qu'il m'arrive souvent de citer cet album et rarement en bien. Et pour cause, j'ai mal supporter le balancement entre les images superbes, les ambiances sombres, parfois cruelles, et le texte bancal et mal tourné. Les ellipses trop nombreuses portaient préjudice à l'histoire d'Ondine.
Je sais bien qu'il s'agit d'une adaptation de la pièce de Jean Giraudoux et du conte de Frédéric de la Motte Fouqué, le tout adressé aux enfants, et qu'il est normal que l'histoire soit tronquée pour être plus accessible. Sauf qu'ici le terme "Massacre" convient mieux. J'ai trouvé que ce découpage altérait le sens de l'histoire, altérait aussi la beauté du personnage d'Ondine et de son sacrifice, et qu'il rendait enfin le dénouement de l'histoire incompréhensible pour ceux n'ayant pas lu la pièce ou le conte.
Si je l'ai gardé, c'est surtout grâce à ses illustrations. Aussi, quitte à se le procurer, il vaudrait mieux le raconter plutôt que lieu de le donner à lire.

En ce qui concerne la liste Goncourt, Le Roi disait que j'étais diable aura été pour moi un des plus gros flops de cette édition.
Moi qui m'attendait à un roman médiéval, avec de longues descriptions chatoyantes où les troubadours se mêleraient au fer, j'ai été déçue. Plonger dans ce roman m'a été impossible tellement j'ai détesté les personnages, et le fait que la dimension psychologique, grossie au point d'en devenir ridicule, prenne le pas sur l'action. Vu que j'en ai déjà parlé et que cet article est suffisamment long comme ça, je vous invite à lire la chronique que j'en ai fait ici.

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Voilà, c'est tout pour le bilan de cette année. Vous l'aurez peut-être remarqué mais la liste des Flops et moins longue que celle des romans que j'ai préféré. Comme je l'avais déjà souligné plus haut, j'ai eu beaucoup de chance, n'étant pas tombée sur des romans foncièrement mauvais. Ceux qui lisent ce blog régulièrement se demanderont peut-être pourquoi Le Quatrième Mur de Sorj Chalandon ne figure pas cloué au pilori, mais heureusement pour lui, il s'agissait d'une lecture de 2013.
Je ne remercierai jamais assez ceux qui auront eu le courage de lire ce long article jusqu'au bout, ainsi que ceux et celles qui lisent mon blog. Mine de rien, cela fait déjà un peu plus d'un an, et ce n'est que le début.
N'hésitez pas à me présenter vos plus gros coups de coeur livresques, ceux que vous me recommandez chaudement, ou que vous aimeriez me faire découvrir.
N.A







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