vendredi 13 mars 2015

"Mère, ne pleure plus. Je suis trop jeune et trop faible pour réclamer justice. Mais je fais le voeu d'épouser celui qui tuera notre ennemi. Je le servirai alors avec le plus grand dévouement."

Tigre le dévoué,Qifeng Shen & Agata Kawa
Ed. Hongfei, 2009, 30 p.
En librairie, et lorsque j'ai le temps de souffler, il m'arrive d'aller à l'étage pour feuilleter certains albums qui m'ont tappés dans l'oeil.
C'est comme ca que j'ai découvert Le carnet rouge, Agata Kawa et plus particulièrement ses manifiques illustrations, et que ni une ni deux j'ai passé une commande pour repartir un mois plus tard avec Tigre le dévoué sous le bras.

J'aime beaucoup les maisons d'éditions qui nous font voyager par dela les mers avec leurs parutions. L'album dont je vais vous parler est publié chez Hong-fei Culture, maison avec un ligne éditoriale qui consiste en la promotion des cultures extrêmes orientales par le biais de la littérature jeunesse. D'ailleurs, Tigre le dévoué est une adaptation d'un conte chinois du XVIIIème, écrit par un certain Qifeng Shen.


Ca ne vous rappelle rien?
 Pour ce qui est du récit, cet album a pour objet une étrange histoire d'amour :
Alors que Xiaoying Huo, une jeune fille dans la fleur de l'âge s'apprette à trouver chaussure à son pied, son père est assassiné dans des conditions obscures, répendant ainsi l'infamie sur les Huo.
Xiaoying fait alors le voeu d'épouser celui qui vengera son père, injustice qui est réparée... par un tigre. Xiaoying, prend le tigre pour époux afin d'honorer sa promesse. Mais entre la jeune fille et l'animal, y a-t-il vraiment de la place pour l'amour?


Tigre le dévoué est donc une histoire un peu dans la même verve que La Belle et la bête même si ce conte chinois ne finit pas forcément très bien.
Mis à part les dialogues, je dois avouer que la traduction n'a rien d'extraordinaire, ce qui m'a un peu rebuté au premier abord. Les dialogues sont bien construits contrairement aux passages narrés, rédigés dans un style loin d'être affolant de beauté.

Mais considérons un peu l'album en tant qu'objet. J'ai apprécié la beauté de la couverture, le tigre stylisé au possible à la manière chinoise, et par la dorure qui, se détachant sur fond lie-de-vin faisant penser à du tissu, encadre les deux personnages principaux. La page d'avant garde est aussi extremement soignée : on peut y voir le tigre agenouillé face à la jeune fille, le tout dans des tons ocres, d'où la ressemblance de ces pages avec un parchemin. 


Les illustration collent bien avec l'univers de cet album. Très détaillées, on sent qu'Agata Kawa, s'est imprégnée de cet univers chinois dans lequel s'incrit l'histoire. Le dessin est fin, la gamme de couleur utilisée évoque l'Orient, bien qu'on reconnaisse le trait de crayon de l'illustratrice, visiblement influencée par Alphonse Mucha et l'Art Nouveau. À mon sens, il s'agit assurément du point fort de cet album. Les images pourraient quasiment raconter l'histoire à elle seules, évoquant les sentiments des personnages tout en pudeur.

Tigre le dévoué traite d'un
thème universel, transcendant les cultures et les époques.  Bien que l'histoire ne soit pas forcément bien écrite ou particulièrement originale, j'ai cependant apprécié le style de l'illustratrice et comment elle reussit à retranscrir la Chine traditionnelle.
À dévorer avec les yeux, et peut-être, à raconter.

N.A

 

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