mercredi 14 janvier 2015

"Hedwige, les premiers baisers sont les seuls qui soient purs de toute tristesse, ceux qu'on donne par la suite ont déjà la saveur de l'ennui, et l'amour charnel finit par ressembler à un excellent livre qu'on a lu trop souvent."


Indigne de moi ! s'écria Hedwige au bord des larmes. Qu'est ce que cela veut dire? Je ne demandais pas qu'il soit digne de moi, je voulais qu'il m'aime.

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C'est avec une plume de maître que Julien Green se fait tragédien de l'ordinaire, pour nous raconter cette histoire qui orbite autour des personnages d'Edwidge et de Jean. Dans un monde ou l'ennui est roi et les apparences duchesses, la verité des sentiments n'ebreche-t-elle pas le miroir du mensonge?  ne gangrene-t-elle pas l'équilibre précaire de l'hypocrisie, et ne conduit elle pas irremédiablement à la tragédie?

L'histoire commence à l'hotel Vasseur, ou vit une famille embourgeoisée. Parmi les personnages bien-pensants qui la composent, deux d'entre eux sortent du lot. Il a d'abord Jean, cet oncle vieillissant et taciturne dont on moque les manières, et qui vit reclus dans sa chambre. Paralellement, nous avons Hedwige, la jeune cousine des vasseurs que ces derniers recueillent par charité lorsqu'elle se retrouve orpheline. Rien ne semble pouvoir ébranler le calme de cette maison où l'ennui est roi et les apparences duchesses. Jusqu'au jour où les Vasseur décident de marier leur jeune nièce, et entreprenent de la présenter au jeune Gaston Dolange dont elle s'éprend.
Seulement, cette passion qu'éprouve Edwidge pour Dolange est placée sous le signe de la fatalité. Gaston a un secret, que partage aussi Jean, et qui l'empeche d'éprouver quoi que ce soit à l'égard d'Hedwige. Jusqu'a ce que cette dernière touche le fond du lac.

Ce qu'il y a de plus remarquable dans Le Malfaiteur est probablement les techniques de narratologie caractéristiques du roman. La diégèse principale, raconte le quotidien des Vasseur, la rencontre avec Gaston Dolange, et désespoir faral d'Hedwige de ne pas être aimé. Mais une histoire en cache une autre, surtout quand cette dernière est considérée pour l'époque comme honteuse. C'est pour cela que la confession de Jean vient interrompre la diégèse, se plaçant au milieu du roman, comme encerclé par l'hypocrisie ambiante, par des moeurs bourgeoises, incarnées par le personnage de Madame Pauque et qui fera tout pour étouffer l'affaire au détriment d'Hédwige.

Le Malfaiteur est un excellent roman, brillant dans son traitement et caractérisé par une écriture fluide qui rend la lecture agréable. On y retrouve l'homosexualité, qui hante l'oeuvre de Green et une peinture sociale acerbe, bien qu'évoquée d'une voix blanche.
J'ai personnellement été conquise et le recommande à tout ceux qui auraient envie de découvrir cet, auteur. Il me tarde d'ailleurs de lire Moïra, son plus célèbre, qui traine dans ma PAL depuis un bout de temps dejà et que je chroniquerai probablement aussi.




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