dimanche 28 août 2016

Ils étaient aussi avares de paroles l'un que l'autre, ce qui rendit leur cour infinie.

Jack LONDON,
Pour cent dollars de plus, ed. Allia,
2014, 96 pp.
Joe et Geneviève, petites gens, filent un amour bien comme il faut,  ou presque.
Car Joe est boxeur, de métier et de passion. Si la jeune femme réprouve cette activité, qu'elle considère avec une jalousie presque maladive, cela ne l'empêche pas d'assister au dernier combat de la carrière de Joe dont la finalité est d'assurer les cent dollars nécessaires à l'installation du jeune couple.
C'est travestie en homme, de peur que la bonne société ne la reconnaisse qu'elle assistera au combat livré par son amant, à travers un trou dans un cloison donnant sur le ring.
La manière dont Jack London dépeint la misère et les moeurs de l'époque est tout à fait admirable par son réalisme on ne peut plus cinglant. La relation des personnages est on ne peut plus conventionnelle, voire tristement pittoresque. Le corps est un ennemi, une tare qu'il faut à tout pris réprimer au risque de passer pour une "fille" ou pour un individu de mauvaise vie. Cette tension, que seul Joe parvient à exorciser par la boxe et dont Geneviève, puribonde à l'excès et victime de son environnement soci-économique, ne saura se défaire, jalonne le roman.
À travers le combat de Joe, l'auteur semble conter l'histoire des classes, d'une classe à laquelle rien n'est aquis et qui doit se battre afin de réaliser ses aspirations, même les plus simples. London, à travers le combat impitoyable que se livrent Joe et Ponta (seul personnage digne d'empathie à notre sens) brosse le tableau d'une lutte, bec et ongles, pour la survie.
Les illusions n'ont pas leur place. L'auteur de Croc-Blanc nous le fait bien comprendre en les envoyant valser dans les cordes du ring.

N.A


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