samedi 15 octobre 2016

Dieu aime le bruit comme chacun le sait, sinon pourquoi les églises et les mosquées se livreraient-elles à une telle surenchère de vacarme?

Ramy ZEIN, Tribulations d'un bâtard
à Beyrouth,
2016, L'Harmattan,
col. Amarante, 174 pp.
Dans son dernier roman, et travers Yad, personnage batârd parce qu'écartelé entre ses convictions libérales et portant irrémédiablement la stigmate de son appartenance communautaire, Ramy Zein dévoile les pathologies d'une société libanaise gangrénée par flirtant avec le fanatisme religieux.

Au fil des chapitre, c'est le Liban moderne et contemporain qui défile sous les yeux du lecteur, où le lien social est lesté d'une forte conflictualité, s'exprimant par une bellicosité à peine masquée lorsqu'elle n'est pas ouverte et décompléxée, la même bellicosité ayant mené le pays à la guerre civile de 1975-1990. Un Liban incappable de faire la paix avec les démons nourris par cette même guerre fratricide, et marqué par une dialectique constante des altérités, où l'"Autre" figure répulsive sinon terrifiante est condamné à être marginalisé lorsqu'il n'est pas carrément désigné comme l'ennemi héréditaire.
Le personnage principal, véritable picaro des temps modernes, est un musulman "irrégulier", marginal quant aux codes de sa religion dont il rejette les pratiques qui lui semblent absurdes et paradoxalement mis au banc par les autres confessions composant le paysage religieux du pays des cèdres.

C'est ce Liban que Rami El Zein choisit de dépeindre, à coup d'anecdotes tristement cocasses -ponctuées de ruptures, de grands prédicateurs ou encore de multiples enlèvements en passant par le sabotage d'une mosquée- sans jamais verser dans le registre pathétique. Mécanisme répétitif, qui pourrait en lasser plus d'un,  mais qui permet à l'auteur de mettre le doigt sur les tares du pays sans avoir l'air d'y toucher.

N.A

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